Tapis-Jardin du Musée Maurice Denis – 1992
Dans le Tapis-Jardin du Musée Maurice Denis, j’ai utilisé un procédé littéraire très ancien, l’ekphrasis, en le confrontant aux arts visuels: les textes des Carnets d’ Isabelle Eberhardt, morte noyée par la crue d’un oued en Algérie, infiltrent le champ du Tapis-Jardin :
Les ombres des choses s’allongeaient démesurément, se déformaient et pâlissaient sur le sol, devenu vivant alentour, pas une voix. (…) Les dunes allongées et basses de Sidi-Mestour (…) semblaient maintenant autant de coulées de métal incandescent, de foyers embrasés, d’un rouge violacé d’une invraisemblable intensité de couleur… J’ai puisé dans ce texte un mode de construction à partir de la métaphore filée de la crue, avec ses connotations dramatiques de noyade et de submergence : le rouge du Tapis déborde sur le sol et noie dans un même continuum coloré l’œuvre entière.
In A.Rutily, Tapis-Jardin. Migration, mutation, transculturalité, Editions Universitaires Européennes, Sarrebruck, Allemagne, 2013